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JEAN BRANCHET JOUE AVEC LES FORMES (Ouest-France 5 décembre 2002. Compte-rendu de l’exposition à la Maison de l’Avocat)
Si le nom de Jean Branchet reste indissociable de celui de sa femme Jeannette avec la création de la galerie Convergence, fermée il y a deux ans, ce nom doit aujourd’hui répondre également à celui d’un artiste. Pour preuve irréfutable : son actuelle exposition à Nantes.
Pendant plus de vingt-cinq ans, il aura ainsi, avec Jeannette, présenté un art souvent qualifié de difficile parce que résolument contemporain. Précurseurs, attentifs à des expressions plastiques très diversifiées, ils ont exercé un rôle important dans la cité. Ce sont indéniablement des acteurs précieux de la vitalité nantaise. Discret, Jean Branchet n’a pas voulu, durant ces années, révéler une autre activité tout aussi prenante : la création d’une œuvre plastique qui commence au début des années 70 et se déploie dans le sillage du mouvement constructiviste.
Depuis 1992, l’exposition de ses œuvres est régulière : il participe au Salon des Réalités Nouvelles et aux manifestations du groupe MADI, en France et à l’étranger. Ses premières expositions personnelles datent de 1995 et 1996. Moquons-nous des dates : Jean Branchet est un jeune artiste, né en 1934, qui pratique la guitare classique pendant plusieurs années pour privilégier la peinture. Une peinture d’emblée non figurative, géométrique, rigoureuse et vigoureuse.
Quadrilles insolents et danses inédites
« Mes tableaux, sculptures et reliefs sont issus de petits dessins tracés rapidement, sous l’impulsion du moment, sans idées préalables ». Réalisés sur de petits carnets, « pendant mes voyages, dans l’avion, le train, à l’hôtel », ces dessins doivent « mûrir ». Indissociables d’une émotion devant un paysage, un nom, d’une impression rencontrée à l’écoute d’un son, d’un souvenir, d’une voix , les œuvres s ‘élaborent partant d’une ébauche pour s’imposer « naturellement », joyeusement pourrait-on dire, tant la fraîcheur les désigne.
Derrière la rigueur et un vocabulaire précis, une grande liberté s’agite ici. Jean Branchet joue. Il ose à travers les triangles, les cercles et les carrés, des quadrilles insolents, et autres danses inédites. Qu’il s’agisse de la toile, ou des reliefs en bois, plastique ou carton, ou des sculptures, se diffuse une volupté, celle de la couleurs.
Jean Branchet aime la couleur pure. Des bleus qui inondent, des rouges qui densifient la lumière, des verts qui s’évadent, des blancs qui retiennent leur souffle. La couleur est le cadeau qu’il nous tend, avec élégance et sans calcul.
Parcourant ces formes construites, ces architectures inconnues, l’œil emprunte des voies saisissantes, on songe à un monde parallèle. Le son, autre passion de l’artiste, intervient comme une équivalence heureuse. Aujourd’hui, à l’aide de l’ordinateur, la musique intervient-elle au travers de ce qu’il nomme des « ordigraphies » ou des « spaciographies », en résonance avec des formes en mouvement. « Astral » et « Stellaire » sont deux CD-rom qui ont été présentés à la Maison de l’Avocat ainsi que « Cassiopée » et « Pléiades ». Des noms qui vibrent de mille et un feux, dans l’espace .
Pierre Giquel
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