JONQUIERES

 

 

Eduardo JONQUIERES est né à Buenos Aires, en Argentine, en 1918. Il étudie à l'Ecole Normale et à l'Académie des Beaux Arts de Buenos Aires, puis devient professeur d'Histoire de l'Art à l'Université de La Plata, en Argentine. Il vit et travaille à Paris depuis 1959.

 

Dés 1951 des expositions personnelles lui sont consacrées en Argentine, au Brésil, en Italie, en Espagne, en Italie, en Allemagne et en France. Des oeuvres de JONQUIERES sont entrées dans les musées d'art contemporain de Buenos Aires, Sao Paulo, Villafamés (Espagne), Managua (Nicaragua), à la Chase Manhattan Bank (New York), au Fonds National d'Art Contemporain, au Fonds Régional d'Ile-de-France, à la Bibliothèque Nationale...

 

"Mes premières oeuvres géométriques datent de 1952. Elles sont nées au contact de l'information que nous possédions dans mon pays sur le Bauhaus et celui de groupe argentin d'art concret, groupe dont je ne faisais pas partie mais dont je suivais le travail avec attention. A l'époque j'animais, avec d'autres artistes d'avant-garde (Arden Quin, Boto, Vardanega), une association libre, "Arte Nuevo", qui exposait, entre autres, les premières oeuvres de Tomasello.

 

Voici ce qu'écrit Gérard XURIGUERA sur l'oeuvre de JONQUIERES:

 

"La peinture construite, nous le savons, ignore le hasard et l'approximation, mais chaque écriture, nourrie du même héritage et du même absolu instaure son mode de formulation, accompagné des marques qui en donnent la tonalité propre.

 

Pour certains, la dominante est linéaire, verticale ou horizontale, pour d'autres elle est plus résolument algébrique, triangulaire, isocèle ou carrée, pour d'autres encore, elle s'émaille de cercles ou de croix, verse dans un glissement dynamique, prône la couleur s'accroche à son immobilisme, ou faute de projet, combine ces données.

 

Chez Eduardo Jonquières, parallèlement à l'austère réflexion sous-jacente, c'est la couleur qui infléchit la subtilité scandée de la trame et commande sa mise en perspective discrètement compartimentée par un réseau de hachures tantôt légèrement déhanchées, tantôt symétriques. Barré de bandes chromatiques finement nuancées, levées en amont ou inclinées, l'espace s'anime sous l'action conjuguée d'un graphisme régulateur strictement émis, et des rayures colorées différenciées qui isolent des réserves monochromes, traversées de formes allongées rectangulaires, parfois tronquées, comme pour en souligner l'impertinence.

 

Ces contrepoints eurythmiques, malgré leur inscription insolite, lancent un chant souple et secret. Secret, parce qu'au sein de ces plages apparemment ajustées avec la plus radicale simplicité, l'amalgame singulier des éléments constitutifs de la toile, nous ouvre une variété de directions où la logique implacable de l'alphabet géométrique vacille dans ses certitudes.

 

Sans choir, cependant, dans le procédé du mouvement simulé, générateur de phénomènes optiques redevables au déplacement illusoire des gradations chromatiques, Jonquières ne traque pas la dérive progressive dans l'intensité du ton ou du demi-ton susceptibles d'altérer la vision, mais recherche avant tout la subtilité dans l'accord, travaillant la couleur de l'intérieur, dans sa substance même, afin d'atteindre la note la plus juste, la modulation la plus harmonieuse.

 

Ainsi, cette partition dénuée d'aspérités, apparaît-elle au regardant sous son irrigation lumineuse sereinement dosée, empreinte de recueillement et de silence dans son dépouillement plénier, en adéquation avec la mesure spirituelle du peintre qui en a façonné l'émergence, "On n'écrit que soi-même", disait Jules Renard."