TOMASELLO 

 

 

 

Né en 1915 à la Plata, en Argentine, Luis Tomasello entre en 1932 à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts "Prilidiano Peyredon". De 1940 à 1944, il poursuit ses études à l'Ecole Supérieure de Peinture "Ernesto de la Carcova" à Buenos-Ayres et travaille la figuration jusqu'en 1950. L'année suivante, il effectue son premier séjour en

Europe et aborde l'abstraction géométrique.

 

Après son installation définitive à Paris en 1957, Luis Tomasello réalise ses premières expériences cinétiques dans le plan. L'année suivante apparaissent les premiers reliefs où, en pionnier, l'artiste intègre les effets de la réflection de la couleur. En 1958, il adhère au groupe de la Galerie Denise René et, depuis, ne cesse de développer une oeuvre totalement tournée vers les problèmes de la lumière.

 

De nombreuses expositions personnelles lui ont été consacrées dans le monde entier. Parmi lesquelles figurent, en 1976, une importante rétrospective au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris et, plus récemment, en 1985, une autre au Musée d'Art Contemporain de Madrid. Son oeuvre est représentée dans de nombreux musées et collections publiques, tels que le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, le Centre National d'Art Moderne Georges Pompidou, le Kröller-Muller Museum à Otterlo, la Peter Stuyvesant Fondation à Amsterdam, le Carnegie Institute à Pittsburg, l'Albrigt-Knox Art Gallery à Buffalo, les musées de Saint-Etienne, Vienne, Sydney, Bolivar, Buenos-Ayres, Medelin, Madrid, La Havane, Alicante...

 

Poursuivant les recherches plastiques nées au début de ce siècle et couramment dénommées "art abstrait géométrique" ou "constructivisme", Tomasello fait parti de ce groupe de créateurs dits "cinétiques" qui, dans les années cinquante, voulurent intégrer le mouvement. Ils mirent en oeuvre, soit le mouvement virtuel par démultiplication de perspectives et autres illusions d'optique (Opt Art), soit le mouvement réel produit par des forces mécaniques, électriques ou naturelles telles que le vent. Tomasello, quant à lui, explore les effets obtenus par la réflexion de la lumière en des compositions vibratiles à trois dimensions, très pures, réduites à l'essentiel. Un profond sentiment de calme, de plénitude s'en dégage, lieu privilégié où le regard côtoit le mystère de l'âme.

 

"La complicité subtile et comme désinvolte de Luis Tomasello s'amuse à ordonner le désordonné, à peigner minutieusement la chevelure de la lumière, mais sous cette discipline il y a le plaisir de libérer, en toute rigueur géométrique et plastique, quelque chose comme les émotions de la matière, son murmure bleu ou orange. Et cela sans besoin du mouvement ou de la stimulation de sources externes; comme en n'importe quelle rencontre fortuite et heureuse d'éléments favorables, il suffit que la lumière parvienne à ces niches, à ces ruches apparemment froides et austères pour qu'un tremblement de vie se répande dans l'espace environnant et l'entraîne dans sa danse irrésistible. Cet alchimiste n'a pas cherché à congeler la lumière en matière précieuse, mais tout le contraire: chez lui l'objet solide et immobile se dilate en lumière et couleur, tremble dans l'espace, bat du coeur même de celui qui le regarde."

(Julio Cortazar. Centre Noroit, Arras. 1991)